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Le blog de francaislibres.over-blog.com

Hommage à Stephane SINDING, FNFL

5 Janvier 2011 , Rédigé par francaislibres.over-blog.com Publié dans #FNFL

 

SINDING Stéphane, Axel, Ivar


Né le 15 juillet 1912 à Paris (14e) (Seine)
Entré au service en 1937. Interprète d'anglais, danois, norvégien. Licence en droit, licence es lettres. Avocat stagiaire attaché au par­quet.

 

papafusilliersmarinsetenmilitaire

 

 

S. Sinding, 3e à gauche (Ecole des Officiers de Réserve - voir note plus bas)

 

Mobilisé en avril 1939. Participe sur sa demande à la campagne de Norvège (avril à juin 1940). Rejoint Brest avec le corps expédition­naire puis débarque en Angleterre avec lui. Rallie la France Libre le lerjuillet 1940. Nommé ORIC de 3e cl. le 25 juillet.
Affecté à l'Etat-major FNFL à Londres de juillet à août, où il remplit les fonctions de chef du Secrétariat.

 

balcon

 

Embarqué sur le cuirassé Courbet d'août 1940 à avril 1941 (défense anti-aérienne de Ports-mouth, 6 avions abattus).
Affecté à l'at-major FNFL à Londres d'avril 1941 à janvier 1942 où il suit les questions de justice maritime, puis à marine Saint -Pierre de janvier 1942 à avril 1943 où il s'occupe des affaires juridiques, sociales et de main d'œuvre. Promu ORIC de 2e cl. en juillet 1942.

 

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De droite à gauche, un matelot X, l'amiral Muselier, Laurent Heron de Villefosse ,  Alain Savary , administrateur des îles St Pierre et Miquelon,  Stephane Sinding

 

Désigné pour la direction du commissariat de la marine à Londres d'avril à août 1943.
Affecté au 1er Régiment de fusiliers marins (1er RFM) de novembre 1943 à novembre 1944 (campagne d'Italie et de France jusqu'à Ronchamps).

 

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Stephane Sinding et son épouse

 

A partir de novembre 1944, il est affecté à l'Etat-major de la marine à Paris puis détaché au cabinet du Commissaire de la république à Angers.
Démobilisé le 6 août 1946.
Juge de 2e cl. à Aubusson, détaché aux Affaires allemandes à la justice du conseil de contrôle de Berlin où il assure notamment les fonctions de chef de la mission de recherches des crimes de guerre en zone britannique.

 

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Moment de détente à Berlin

 

En 1950, il est juge au tribunal civil de Louviers. En 1954, juge au tribunal civil de Fontainebleau ; en 1958 juge au tribunal civil aujourd'hui de grande instance de Versailles, prési­dent du tribunal des pensions de Seine et Oise.
L'ORIC principal Sinding est officier de la Légion d'honneur, titulaire de la croix de guerre avec 3 citations et de la croix de guerre norvégienne, médaille de la Résistance.

 

juge

 

Il est décédé le 9 avril 1979 à Paris (14e) (Seine).

 

(Source : Historique des FNFL)

 

 

Je remercie Serge Le Coustour pour les précisions suivantes, qui m'ont permis de corriger la légende de la première photo

 

"S'agissant du sujet consacré à S. Sinding, la première photographie montre l'intéressé avec un groupe de camarade et la légende mentionne "(photo prise lors d'une préparation militaire ?)".
 En fait cette photographie a été prise lors de l'incorporation de l'intéressé pour satisfaire aux obligations du service militaire. Jeune diplomé il a été retenu pour devenir officier de réserve et il suit les cours de l'école des officiers de réserve. Ceci est visible sur le ruban de son bonnet de marin, qui comme celui de ses camarades, porte la légende "ELEVES OFFICIERS DE RESERVE".
A l'époque, lors de leur incorporation et pendant la période des classes les EOR portaient la tenue de travail des marins des équipages de la flotte, le bonnet portant une légende spécifique à leur unité."

 

:

 

 


 

Ajoutons que M. Sinding est le rédacteur des statuts de l'Amicale des Anciens du 1er Régiment de Fusliliers Marins, crée en mai 1946, par Roger Barberot

 

M. Sinding nous a laissé le récit de son ralliement, publié dans la Revue de la France Libre en 1970 :

 

"UN   RALLIEMENT
Je ne puis faire ce récit sans remonter aux deux journées qui précédèrent mon départ de France et tout d'abord à ce matin du 17 juin 1940 où je débarquais à Brest d'un transport britannique ramenant à bon port le détache­ment de marins dont j'avais reçu la charge lors de l'éva­cuation de Narvik.
Cette évacuation avait eu, on le sait, ceci d'assez parti­culier, que le corps expéditionnaire était reparti vainqueur, son combat étant devenu inutile après Sedan.
Venant ainsi de participer à une campagne victorieuse, je ne soupçonnais aucunement l'état de désorganisation dans lequel j'allais retrouver le pays et je croyais ferme­ment à une bataille d'arrêt vers la Loire et à un « réduit breton ».
Ma seule préoccupation immédiate allait donc être de me renseigner sur ma nouvelle affectation et de faire payer les soldes de mon détachement et la mienne.
Mon après-midi se passa en vaines démarches et le len­demain matin, 18 juin, je me rendis à l'intendance mari­time où j'avais finalement obtenu l'ordre de me présenter afin d'y rencontrer mes chefs et de percevoir nos soldes.
Je ne devais trouver à ce rendez-vous qu'un commissaire de la Marine à 4 ou 5 galons resté seul dans ses bureaux vides et qui me déclara que tout le monde était parti, qu'ancien de 1914-1918, il entendait, pour sa part, rece­voir les Allemands le fusil à la main, et qu'il n'avait ni les soldes de mon détachement ni les instructions que j'attendais.
Je résolus de l'accompagner au « centre de résistance » en constitution vers Gouesnou, où il comptait se rendre, et nous partîmes nous armer non sans qu'il m'eût consenti une avance qui allait m'être des plus utiles.
Nous nous rendîmes d'abord au 2e dépôt des équipages où régnait le chaos et où retentissait des chants révolu­tionnaires. Nous parvînmes à obtenir plusieurs mousque­tons et fusils-mitrailleurs et je le quittais momentanément pour déjeuner au cercle naval. Plusieurs jeunes ingénieurs d'artillerie navale rencontrés au cercle me dirent qu'ils se rendaient également à Gouesnon et je jugeai plus sûr de rester avec eux. Nous prîmes la route avec plusieurs véhicules et trois canons de 75 mm, mais j'obtins que l'on passa d'abord chercher mon commissaire de Marine qui, malheureusement, ne parut pas au rendez-vous fixé.
En quittant la ville nous croisâmes de nombreuses voi­tures civiles bourrées de matelas et autres objets hétéro­clites et fuyant je ne sais où.
C'est bien à Gouesnon finalement qu'eut lieu le second et dernier engagement de la défense de Brest et qu'après une nuit et une matinée de préparatifs et d'attente,
quelques jeunes officiers de la marine et un détachement de légionnaires devaient, le 19 juin dans l'après-midi, accueillir de plusieurs rafales de mitrailleuses et d'un obus que j'avais placé dans sa culasse (1), la voiture blindée de tête de la division motorisée allemande. Celle-ci arrivait par Plabennec, après s'être heurtée dans la matinée à un autre centre de résistance devant Landivisiau, et avoir fait demi-tour sous une canonnade nourrie, que nous avions entendue de Gouesnou.
Pour notre part, il allait suffire de quelques coups de feu pour arrêter les Allemands apparemment résolus à ne pas gâcher une belle promenade militaire et pour les décider à envoyer sous le drapeau blanc divers parlementaires que l'aide de camp du préfet maritime devait en fin de soirée venir accueillir sur la ligne de crête où nous les avions contraints à attendre.
Quelque temps plus tard nous reçûmes l'ordre d'abattre le barrage antichars, de rendre nos armes et de rester dans nos cantonnements.
C'est à ce moment, et alors que d'énormes nuages de fumée de mazout, s'élevant au-dessus de Brest, témoi­gnaient que notre action retardatrice n'avait pas été vaine, qu'après avoir déclaveté nos canons, l'ingénieur d'artil­lerie navale qui commandait notre pièce décida, sur ma suggestion, de tenter de rejoindre Le Conquet en voiture. Nous savions que dans l'après-midi de nombreux élé­ments français avaient pu réembarquer dans ce port.
À notre départ de Gouesnon, la division allemande fonçait déjà à travers le village et il nous fallut attendre un inter­valle entre deux véhicules pour le traverser et repartir par la même route, mais en sens inverse sans que personne tentât de nous arrêter, mais non sans avoir aperçu, derrière nous, des militaires allemands en train de ras­sembler nos fantassins.
Arrivés au Conquet, nous trouvâmes la marée basse et il nous fallut repartir pour Lampaul-Plouarzel, où il était encore possible, nous dit-on, de prendre la mer.
J'ai omis de rappeler que pendant l'attente qui avait pré­cédée notre bref engagement, j'avais entendu à la radio quelques bribes d'un discours chevrotant auquel je n'avais rien compris sinon qu'il y avait défaillance de vieillard ou traquenard et qu'il était question d'armistice.
Nous arrivâmes dans la nuit à Lampaul après avoir rallié en cours de route plusieurs marins, un maître fourrier en possession de la solde de son unité et une dizaine de légionnaires en voiture. Un patron pêcheur, amené devant sa barque à flot, n'accepta de prendre la mer que sous la menace du revolver. J'avais fait acheter par le maître four­rier les vivres nécessaires pour 48 heures de traversée.
 Une fois en mer, notre pêcheur se mit à gémir sur le sort de sa famille qui ne pourrait se passer de lui et nous consentîmes à nous laisser conduire à Molène où l'on trouverait une autre embarcation.
Il me faut évoquer ici une seconde, l'apaisement soudain de cette traversée à la voile, la mer d'huile, et les innom­brables pointes rocheuses de Fromveur, découpées sur la nuit claire, parmi lesquelles aucun Allemand n'aurait pu nous poursuivre.
Nous arrivâmes à Molène vers minuit et la garde maritime nous reçut amicalement et sut rapidement trouver un patron pêcheur prêt à nous conduire en Angleterre, cette fois dans une embarcation à moteur.
Celui-ci nous proposa toutefois de tenter au préalable de rallier des bâtiments français, mouillés devant Ouessant et c'est ainsi que nous pûmes rejoindre le «Mistral», dernier à appareiller et déjà en cours de manœuvre. Nous embarquâmes précipitamment, non sans oublier nos 48 heures de vivres.
«Le Mistral» était bondé d'officiers de l'amirauté et des amiraux couchèrent, paraît-il, cette nuit là dans les cour­sives. Pour notre part, nous dormirent admirablement dans une baleinière.
Le lendemain, sur le port, je surpris le nom du «colonel de Gaulle» dans une conversation entre deux officiers de marine, il était question de dissidence, d'un appel à la radio et de destitution. Je me précipitais pour obtenir des précisions mais me heurtais à un silence des plus renfrognés.
Arrivés à Devonport nous fûmes embarqués sur un bâti­ment anglais appelé, je crois, le «Stra/thair», où nous restâmes quelques jours fort bien traités à mon gré ; mais sans communication avec la terre. Le bâtiment appareilla finalement pour Liverpool et c'est pendant cette traversée que, circulant sur le pont, je vis soudain de nombreux militaires et marins qui s'y trouvaient se précipiter vers l'avant ou les haut-parleurs achevaient de diffuser un dis­cours proféré d'une voix énergique, que je devais par la suite bien des fois écouter, c'était le général de Gaulle, mais je ne puis préciser s'il s'agissait d'une nouvelle émis­sion de l'appel du 18-Juin.
Arrivés à Liverpool, nous fûmes théoriquement logés dans un camp militaire à Aintree, mais personnellement, je fus, dès le second soir, hébergé chez une vieille demoiselle anglaise, secrétaire au consulat de France, et je ne me rendais au camp que pour les repas et les nouvelles.
Je puis attester ici que dans ce camp, où se trouvaient plusieurs milliers de marins français, nous n'étions nulle­ment internés, ainsi que cela aurait été le cas en d'autres endroits, et nous passions nos journées à nous promener en ville.
Arrivant au camp un matin, en fin de semaine, je trouvais affiché un ordre de l'amiral Odend'Hal (!), chef de la mis­sion navale en Grande-Bretagne (si ma mémoire est
(1) II s'agit de l'amiral Odend'Hal qui regagna la France peu après.
bonne) aux termes duquel tous les marins français pré­sents en Grande-Bretagne devaient réembarquer dans les 48 heures. Les réservistes étaient cependant autorisés à se faire démobiliser sur place.
Je me rendis auprès du capitaine de vaisseau comman­dant français du camp et lui déclarait que, réserviste et dépourvu de toute information sur la situation, je désirais me rendre à Londres auprès du général de Gaulle avant de prendre ma décision. Je savais déjà à ce moment, sur­tout par la presse anglaise, que le général de Gaulle pour­suivait le combat et je me trouvais également savoir que le général avait été ministre de la Guerre « in extremis», et qu'il était le théoricien des divisions blindées.
Le commandant Homburger, au demeurant un fort brave homme, s'énerva quelque peu et me répondit «qu'il ne pouvait pas m'engager dans une voie qui n'était pas militaire».
Fort troublé dans mon respect de la discipline, je finis cependant par me rendre à la gare de Liverpool en compagnie d'un ingénieur d'artillerie navale échappé éga­lement de Gouesnon et le commissaire de la gare anglaise nous délivra sans difficulté deux titres de transport pour Londres.
Le lendemain 30 juin, nous nous présentâmes à «Saint Stephen's house» où nous fûmes d'abord reçus par une grande jeune fille qui était, je crois, Élizabeth de Miribel, puis par un aspirant de cavalerie et un commandant de l'armée. Nous avions préparé notre liste de questions où nous tentions d'exprimer les principales inquiétudes des marins du camp (chances de victoire, sort des familles, éventualité d'un renversement de régime en Angleterre et d'une paix blanche, sort qui serait alors le nôtre, question des soldes, etc.
N'obtenant pas à notre gré des réponses suffisamment précises, nous insistâmes pour être reçus par le Général lui-même, et fûmes finalement introduits dans son bureau. Ses premiers mots, «Alors, jeunes gens, qu'y a-t-il pour votre service ? », nous glacèrent quelque peu, mais les réponses qu'il voulut bien faire à nos questions pré­cises et sans fard achevèrent de me convaincre de ce que je savais déjà : nous étions devant un grand chef.
Le Général ne nous cacha pas que si nous étions arrivés la veille il nous aurait encore laissé espérer un ralliement de l'Afrique du Nord désormais improbable, mais il nous parla des autres colonies de l'Afrique et des accords qu'il était sur le point de conclure, ou venait de conclure avec Churchill. Il nous donna finalement l 'ordre de rentrer à Aintree pour tenter de ramener qui nous pourrions, de nous faire régler nos soldes échues, puis de revenir à Londres.
Nous sortîmes de son bureau pour nous faire inscrire sur un fichier par la grande jeune fille qui nous avait reçus. Pendant cette formalité je vis arriver le lieutenant-colonel lissier et, sauf erreur, le commandant Dewarin que j'avaisrencontrés à l'armée Béthouard. Ils s'intéressèrent d'ailleurs immédiatement au fichier. Nous repartîmes, munis d'ordres de missions.
À notre retour à Liverpool nous trouvâmes l'ambiance du camp très aggravée. Il n'était plus question que de repré­sailles contre les familles et de la chute de Churchill. Mon compagnon officier d'activé se laissa gagner et décida de rentrer. Pour ma part, je n'avais plus d'hésitation. Je perçus ma solde et fis taper un ordre de démobilisation à la fin duquel j'avais ajouté « pour rester en Angleterre afin de continuer à servir».
Ces termes, repris, si j'ai bonne mémoire de l'instruction de l'amiral Odend'Hal, me valurent, à ma surprise, de camarades du camp, l'accusation de «jouer double jeu », mais je devais apprendre en 1945 que cette curieuse «démobilisation » m'avait évité en France des poursuites par contumace qui auraient pu nuire à mes parents.
Le commandant Homberger, non sans mauvaise humeur, finit par signer l'ordre d'un coup de crayon rageur, et je me rendis avec une cinquantaine de marins, devant un colonel britannique, assisté de l'Oric Le Grain, que je devais retrouver dans les F.N.F.L.
Le colonel anglais fut des plus décourageants et déclara que seuls les ouvriers spécialisés avaient des chances en Angleterre. Pour les autres il évoqua le risque d'interne­ment. Je fus le seul du groupe, je crois, à insister et je lui parlai du général de Gaulle. Il ne me répondit que par un silence poli, mais m'autorisa à rester en Angleterre.
Le lendemain matin et, par conséquent, sauf erreur, le 2 juillet 1940, je pénétrais à nouveau, un peu inquiet, dans les couloirs de «Saint Stephen's House», quand dans la pénombre, un officier de marine au visage éner­gique barré d'une moustache et à l'allure encore jeune me mit la main à l'épaule. Plusieurs étoiles brillaient sur sa manche : « Vous êtes marin, me dit-il, venez avec moi. » Un instant plus tard, je me trouvais assis auprès de lui au bout d'une table, à portée du téléphone, et je constituais, pour une matinée, avec l'enseigne de vaisseau de réserve Voisin (qui, pris de scrupules après Mers-EI Kébir devait rentrer en France) tout l'état-major de l'amiral Muselier premier commandant en chef des F.N.F.L.

 

Stéphane SINDING.
ORIC Magistrat principal



(1) La culasse d'un canon de 75 sans doute (N.D.L.R.)."

 

Je remercie Mme Brigitte Sinding, fille de Stephane Sinding, pour les photos qui ont permis d'illustrer cet article

 


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