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Le blog de francaislibres.over-blog.com

Djibouti : "La Brise de Mer"

22 Octobre 2010 , Rédigé par francaislibres.over-blog.com Publié dans #La France Libre

Il est toujours interessant voire amusant de confronter deux versions differentes d'une même histoire. C'est le cas pour l'affaire de "la brise de mer", bordel de Djibouti tenu par un "gaulliste" qui fut fusillé par Vichy :

 

Extrait de FEU D'AFRIQUE , par hassold  DAVIS link , aventurier  américain mais néanmoins "Français libre"  

 

"Parmi ceux qui firent le début du blocus avec amertume, parce qu'ils avaient alors foi dans le maréchal Pétain et qui s'échappèrent par la suite pour rejoindre la France libre, il y avait quatre sous-officiers, Perrousseau, Farner, Challes et Pascal. Le 17 avril 1941, ils se réunirent dans le local le plus discret qu'ils purent trouver, une chambre d'une petite maison de femmes portant le joli nom de "Brise de Mer » et résolurent de partir cette nuit même, à une heure, à marée haute. Le patron de la maison, un philanthrope nommé Donnard, leur offrit généreusement les meilleurs vins de sa cave, tandis qu'ils arrêtaient, à voix basse, leur plan de tâcher de gagner Zeilah. Une vieille prostituée, ex­perte en sorcellerie, fit des incantations pour obtenir un vent favorable.
Donnard leur prodigua ses encouragements qui n'étaient pas superflus, car il s'agissait à la fois d'affronter les navires anglais qui ignoraient avoir affaire à des alliés, et d'échapper aux sentinelles vigilantes de Vichy. Chacun d'eux laissait à Djibouti sa famille, qui aurait peut-être à endurer des représailles, pour s'en aller lutter pour la France, sa plus grande famille.
A minuit, Farner se glissa hors de la maison, croisant sur sa route un employé subalterne des bureaux qui venait apporter son tribut aux filles, sous la forme d'un gros gâteau. Il se laissa couler prudemment dans l'eau, mit à flot une pirogue qu'ils avaient coulée pour la dissimuler et alla pren­dre les trois autres qui l'attendaient le long de la digue. En dépit des prières de leur hôtesse, il n'y avait pas de vent lorsqu'ils atteignirent leur canot à voiles et, pendant trois heures, ils durent le pousser à la nage, jusqu'à ce qu'ils fussent hors de vue des gardes. Le matin leur apporta la brise et ils purent arriver tranquillement à Zeilah.
Mais le jour amena aussi les espions de Vichy commandés par le porteur de pâtisserie de la nuit précédente qui envahirent la « Brise de Mer » et arrêtèrent Donnard comme complice de l'évasion. Le Conseil de guerre le condamna à mort. La po­pulation de Djibouti fut épouvantée et le président du Conseil de guerre admit que la sentence devait être révisée, mais les mois passèrent et Donnard s'étiolait en prison. Le Khamsin, le vent dessé­chant du nord-ouest, faisait monter le thermomètre jusqu'à 50° et 55° à l'ombre.
Vichy, à l'autre bout du monde, dans la France en proie aux barbares, finit par confirmer télégraphiquement le jugement, et Donnard, dont la mé­moire est l'honneur de tout Djibouti, fut fusillé. Il refusa de se laisser bander les yeux et ses der­niers mots furent une bordée d'invectives à l'adresse des polichinelles de Vichy, dont Berlin tirait les fils et un cri de: « Vive la France! Vive de Gaulle! »

Un autre aventurier, Henry de Monfreid, présent en Ethiopie pendant cette période, nous fait ce récit : (Du Harrar au Kénia, à la poursuite de la liberté )

 

"A la déclaration de guerre à l'Allemagne, elle disparut. Croyant la retrouver à Djibouti, il (F) y arriva au moment où l'Italie déclarait à son tour la guerre à la France.Il y resta. Comme tant d'autres, il voulut tenter l'aventure à la mer comme la lui représentait la légende que j'ai laissée là-bas.Le blocus était un excellent prétexte pour courir sa chance avec la dose voulue de risques. Antonin B..., mécène généreux, bien qu'éphémère, de tous les sujets que sa géniale clairvoyance jugeait hors-série, lui donna un grand boutre avec lequel il parvint à collaborer au ravitaillement de Djibouti.Tout me porte à croire que les Anglais ne faisaient pas aussi bonne garde qu'on le prétendit, pour affamer la malheureuse population.

Si F... n'avait porté que du grain et du lait condensé pour les gosses, l'Amirauté Britannique eût fermé les yeux ou plutôt les eût tourné ailleurs, mais ce malheureux garçon enleva une pensionnaire de l'unique lupanar de Djibouti et du coup devint l'ennemi du Patron, son ex-ami intime Roger.

Ce personnage avait ses petites entrées au gouvernement, mais jouait double jeu en faisant évader les militaires hostiles à Vichy qui l'honoraient de leur clientèle,Je ne sais, qui des deux dénonça d'abord l'autre, mais Roger fut fusillé par les Vichystes de Djibouti et F... arrêté en mer par les Anglais."

 

 

La véritée doit certainement se située entre ces deux versions, ces auteurs ayant tous deux tendance à l'exageration. D'autant qu'aucun d'eux ne fut témoin direct des évènements  .

Mais une troisième version , fort éloignée des deux premères, a été publiée sous forme de fiction bien entendu : celle du dessinateur Hugo Pratt dans son album "la Brise de Mer". A lire et à admirer absolument !  scorpionsdudesertbrisedemertbr.jpg

 

 

Planche extraite d'un autre album de le série des "Scorpions du désert" :

 

 gli scorpioni del deserto 3

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F
F...était mon père comment pourrais je avoir plus d'info sur sa vie à Djibouti dans ces années de guerre.
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